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DR THIERNO IBRAHIM AW, DIRECTEUR GENERAL CETUD

« Demain, prendre sa voiture ne doit plus être le signe ultime de réussite sociale. »

Les perspectives de croissance démographique et économique de l'agglomération de Dakar (5 millions d'habitants en 2030) incitent à la modernisation du système de transports publics. L'investissement dans les projets structurants du Plan Sénégal Émergent (PSE) - renouvellement du parc automobile, Train Express Régional (TER) et Bus sur Voies Réservées (BRT) – garantira une meilleure contribution des transports publics aux objectifs de croissance économique, d’équité sociale et de performance environnementale.

Avec l’introduction d’innovations majeures, la nouvelle Loi du 7 avril 2022 réformant le Conseil Exécutif des Transports urbains Durables (CETUD) s’inscrit en droite ligne des orientations claires définies dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE). Elle traduit la nécessité de concilier les objectifs de croissance économique, d’équité sociale et territoriale, sans oublier la protection de l’environnement, conformément à nos engagements internationaux sur les Objectifs de Développement Durable. 

La Loi de 2022 a par ailleurs consacré le renforcement institutionnel, organisationnel et financier du CETUD avec quatre innovations majeures qu’il me plaira de partager avec vous. 

La première est relative aux attributions du CETUD, redéfinies dans l’optique d’en faire une véritable Autorité organisatrice, disposant clairement des prérogatives dans les régions de Dakar et Thiès, tout en renforçant ses capacités à apporter une assistance technique aux autres régions pour la définition et la mise en œuvre de leur stratégie de mobilité urbaine. En outre, cette innovation permettra d’accompagner de manière plus concrète les orientations du Plan national d’aménagement et de développement territorial.

Toujours dans le sillage de l’élargissement du périmètre d'intervention du CETUD, il faudrait noter que son avis devra être requis en ce qui concerne l'attribution d'agrément de transports publics urbains et de licences d'exploitation des taxis urbains.

La deuxième innovation est relative à la mission d’organisation de la circulation et du stationnement désormais confiée au CETUD pour apporter des solutions efficientes à la saturation du réseau routier, alors que le niveau de motorisation est encore faible à Dakar (moins de 50 véhicules particuliers pour 1000, au lieu de 500 pour 1000 dans les pays développés).

Des projets importants sont déjà initiés dans ce sens, notamment l’acquisition de 300 feux de circulation, un poste central de régulation du trafic automobile, un centre de management de la mobilité. Ces efforts sont menés à côté de l’intensification des investissements pour asseoir un réseau de transport multimodal et durable.

Il est donc à noter que la mise en œuvre de cette réforme va nécessiter une réorganisation complète du CETUD, avec la mise à disposition de ressources humaines, matérielles et financières qui lui permettront d’adresser efficacement le sujet et d’obtenir les résultats escomptés.

La troisième innovation est tout aussi importante avec l’introduction de dispositions renforçant le pouvoir prescriptif du CETUD pour ce qui est relatif aux extensions urbaines et au développement d’infrastructures urbaines. En effet, la qualité des infrastructures et services de transports terrestres dépend fortement de l’agencement des lieux de résidence et de production.

Avec la quatrième innovation, le CETUD est consacré comme centre de planification de la mobilité urbaine. Au cœur de cet enjeu se trouve la coordination des actions portées par de multiples intervenants afin de favoriser le développement intégré des systèmes de mobilité. Les organes de gouvernance ont été revus dans ce sens afin de renforcer au sein du CETUD le cadre de partenariat entre l’Etat, les collectivités locales et le secteur privé.

A ce propos, nous avons initié des actions concrètes, avec l’élaboration  du Plan de Mobilité Urbaine Durable (PMUD 2022 - 2035) de Dakar et Mbour. Ceux des villes de Thiès, Touba, Diourbel et Ziguinchor suivront.

En effet, il est facile de constater les progrès importants réalisés avec, d'une part, les projets phares de modernisation des communes et agglomérations, d’autre part, l’introduction des transports de masse pour mieux adresser les défis et enjeux actuels et futurs de la mobilité urbaine. Ils portent l’ambition de l’Etat du Sénégal d’organiser le pays en territoires viables et compétitifs, porteurs de développement durable.

C'est dans cette perspective que s’inscrit la volonté forte du Chef de l’Etat, Son Excellence M. Macky Sall, de favoriser l’investissement dans les transports capacitaires (le BRT et l’extension du TER).

De fait, avec la mise en place progressive d’un système de transports de masse (le TER et le BRT) et le développement en vue de l'intermodalité, l’Etat du Sénégal confirme la place importante qu’il accorde à la promotion d’un transport public de qualité dans la résolution des problèmes de mobilité urbaine pour une économie nationale compétitive et décarbonée. 

Nous nous inscrivons dans cette perspective. c‘est ainsi que le « D » de CETUD devient « Durable » (à la place de Dakar) pour capitaliser sur un acronyme déjà très connu en Afrique et dans le Monde, tenir compte de l’extension de son périmètre d’intervention, intégrer de manière plus forte l’objectif de réduction de l’impact environnemental des transports dans la définition et la mise en œuvre des projets qui lui sont confiés. 

Par ailleurs, il me plaît de rappeler que Le BRT est un projet intégré, porteur de transformations positives sur l’assainissement (40 km de réseau neuf), le cadre de vie, les pratiques de mobilité, avec des exigences fortes sur la qualité environnementale (autonomie des stations en énergie solaire, bus zéro émission polluante, aménagements paysagers …) et l’équité sociale.

C’est en effet le seul projet de transport que le Sénégal a inscrit à la COP 21 au titre de ses engagements pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En cohérence avec nos engagements internationaux, arrimés à une stratégie de transition énergétique et numérique, il a été retenu l’option volontariste d’un matériel roulant 100% électrique. Une première mondiale !

Par ailleurs, pour répondre aux défis actuels et apporter les réponses adéquates aux besoins futurs, le Ministère des infrastructures des Transports terrestres et du Désenclavement, à travers le CETUD, a lancé le projet PAP-2A de restructuration globale du réseau de transport en commun (RTC). L’objectif est d’améliorer l’offre de services avec un  système de rabattement efficace sur les transports de masse (BRT et TER).

Le programme prioritaire de la restructuration est constitué de 32 lignes, un parc de 1000 bus neufs à gaz et électriques, 4 ateliers-dépôts, plus de 80 km de voiries et trottoirs à aménager ou réhabiliter le long des axes desservis, y compris des carrefours, des arrêts et terminus de bus. 

La première phase (2022-2024) porte sur 14 lignes, avec 400 bus sobres en carbone.

En somme, le transport collectif urbain dans l'agglomération de Dakar est en train d’opérer sa mue, accélérée par des projets d’envergure de transformation qualitative de la mobilité.

Ainsi, demain, prendre sa voiture ne doit plus être le signe ultime de réussite sociale. Le Gouvernement travaille d’arrache-pied pour promouvoir des villes viables et vivables. Nous y parviendrons avec des transports collectifs capacitaires et un partage équilibré de la voirie qui donne aux modes actifs (marche à pieds, vélo, …) la place qu’ils méritent. La bonne prise en charge de ces enjeux suggérait, à travers une nouvelle Loi, le renforcement institutionnel, organisationnel et financier du CETUD.

Pour terminer, c’est une belle occasion pour nous de remercier les autorités pour la confiance renouvelée au CETUD. J’associe à ces remerciements les partenaires techniques et financiers ainsi que toutes les forces vives de la nation pour leur accompagnement constant.